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Choumouroux (Yssingeaux)suite2

En 1789, une procuration est transmise par Pierre Georges de Sagnard de Choumouroux, chevalier de Saint Louis, ancien commandant du bataillon du régiment d’Auvergne, seigneur de Chazeaux, Choumouroux, Estables, en faveur de Pierre Louis François de la Rochenégly de Chamblas, son neveu pour assister à l’assemblée de la noblesse du Velay qui se tient au Puy-en-Velay le 31 mars 1789.

Malheureusement, il meurt le 21 Prairial an III (le 9 juin 1794) à 5 heures du matin, dans la prison de Montfranc (Saint Didier en Velay) , victime d’un geôlier ivrogne et brutal Chomel. Le seigneur du Betz et voisin de cellule François Charbonnel meurt dans les mêmes conditions de souffrance dix jours plus tard.

 

 

IX.12 - JOSEPH RAYMOND BENIGNE DE SAGNARD DE CHOUMOUROUX - ECUYER (16 janvier 1734-1 mars 1812)

 

oo Marie Catherine Pauline Colonna d'Ornano en 1786

         Sa femme est la fille de Benoît Antoine François Colonna d’Ornano, comte de Colonna et de Marie Mège du Moulin. 

        

         Il est seigneur de Choumouroux. Il est officier au Régiment d'Auvergne, lieutenant en 1755, chevalier de Saint-Louis en 1780, major au régiment des grenadiers royaux du Quercy. Il est blessé au visage à Clostercamp, il est commandant de la garde nationale d'Yssingeaux en mars 1792 avec des Breux.   Mais la révolution et son cortège de malheurs rattrapent cette famille Sagnard de Choumouroux où plusieurs de leurs membres ont failli mourir. Joseph Raymond Bénigne de Sagnard de Choumouroux, commandant de la Garde Nationale d'Yssingeaux revient à Choumouroux quelques jours avant Pâques. Les ennuis commencent avec une succession d'événements inattendus qui bouleversent leur tranquillité.

         Début avril 1792, les rumeurs se bousculent autour d'Yssingeaux, "des brigands" armés, courent les campagnes pour incendier les lieux de culte. En réalité ce sont les gardes nationaux qui cherchent à éliminer les édifices de culte et leurs officiants. Quelques jours avant Pâques, le directoire du département fait fermer tous ces édifices pour éviter les incidents. Cette mesure, à Yssingeaux, ne fait qu'aggraver la situation, les patriotes affirment qu'elle n'avait été prise que pour mieux exciter la population contre eux. Les événements s'accélèrent le lundi 9 avril 1792 où un habitant de Bessamorel déclare que son village est aux mains des bandits et en proie au pillage. Ce n'est pas vrai mais Yssingeaux entre en plein effroi. Le chevalier Joseph Raymond Bénigne de Choumouroux, commandant de la Garde Nationale est convoqué pour organiser la défense de la ville. Yssingeaux connaît des soubresauts. Où la Garde Nationale et son chef Choumouroux refusent de participer à une action dont l'objet est la protection du culte. Ils préfèrent prendre les armes contre les brigands. Les rumeurs continuent à circuler dans la ville. Des troupes d'Araules viennent défendre Yssingeaux avec 150 hommes.

         Le mardi 10 avril 1792, la tension s'accroit avec la convocation générale de 1500 hommes rangés en bataille sur 3 rangs, commandés par les officiers de la Garde Nationale sur le Foiral. Le maire continue à s'opposer à tout rassemblement. Pendant ce temps, le 10 avril 1792, le directoire du département envoie un administrateur : Boulangier avec mission de rétablir le calme à Yssingeaux, accompagné d'environ 200 gardes nationaux de la ville du Puy, de deux pièces de canon et de deux brigades de la gendarmerie nationale. Le sieur Faure Lavarenne, maire d'Yssingeaux, tente une conciliation avec l'administrateur du directoire du département venu du Puy. Il déclare répondre de l'ordre et de la tranquillité publique si les troupes venues du Puy s'arrêtent aux faubourgs de la ville à la hauteur de l'allée de Choumouroux. Faure Lavarenne, l'administrateur ponot et Choumouroux, engagent les gardes nationaux locaux à rentrer chez eux. La troupe se retire progressivement. Soudain, une fusillade éclate entre quelques retardataires des gardes d'Araules sur le chemin du retour et la Garde Nationale du Puy, stationnée près de leur passage. Les canons sont pointés sur la ville. Le pugilat règne à Yssingeaux. Le bilan s'élève à cinq morts dont un garde national du Puy et quarante blessés d'Yssingeaux et huit de la Garde Nationale. Les gardes nationales des villages voisins viennent à Yssingeaux. Des débordements se produisent avec l'incendie du mobilier de la maison du culte et le pillage de certaines maisons. La Garde Nationale du Puy repart avec 23 prisonniers dont le maire Faure Lavarenne et certains sont libérés au Puy.

         Le 23 avril 1792, Balthazard Faure est directeur du jury. Il se fait adresser une dénonciation visant soixante-treize Yssingelais, dont le maire et plusieurs membres de la famille de Sagnard de Choumouroux, comprenant : Pierre Georges, Pierre Joseph, Joseph Raymond Bénigne, Marie Catherine, Françoise Alexie et Louise Françoise qui sont menacés d'arrestation. Le 10 avril 1792, au soir, Joseph Raymond Bénigne réussit à quitter Yssingeaux, déguisé en femme ! Il sauve sa vie en se réfugiant au Béage en Ardèche.

         Toute la maison de Choumouroux est suspectée pendant la Révolution car leur château est convoité par le chef révolutionnaire Yssingelais Faure. De plus, ce dernier empêche que l’allée du château ne soit rasée. Cette affaire de Pâques se prolonge dans le temps. Le jury d'accusation rend le 8 février 1793, une décision renvoyant trente-huit personnes devant le tribunal criminel et acquittent les autres personnes. Puis tous les accusés sont mis ou laissés en liberté.

         En été 1793, la nouvelle loi des suspects est mise en vigueur. Les anciens accusés sont à nouveau arrêtés. Ils sont transférés à St Didier puis au Puy et enfin à Paris. Deux convois partent l'un le 15 Messidor (3 juillet 1794) du Puy, l'autre le 17 Messidor (5 juillet 1794) de St Didier. Pierre Joseph Sagnard de Choumouroux et une de ses soeurs font partie de ces convois avec cinquante Yssingelais. Une tradition familiale nous rapporte les dessous de leur survie : les deux filles Choumouroux sont sauvées miraculeusement de la guillotine. Un ami Yssingelais, lecteur des sentences fatales les reconnaît. Sans rien leur dire, le matin de l'exécution, il préfère sauter la page du livre des condamnations qui les concerne. Il sauve leur vie ainsi que l'ensemble des condamnés de la page ! Puis le 9 Thermidor (27 juillet 1794) la chute de Robespierre marque la fin de l'affaire d'Yssingeaux. Dans le courant Brumaire, les prisonniers retrouvent tous la liberté et le chemin d'Yssingeaux. Le 17 Brumaire an III (7 novembre 1794), Pierre Joseph  de Sagnard de Choumouroux est libéré de la Conciergerie.

         C'est à la demande de la députation Ardéchoise, à la convention que les mesures prises contre Joseph sont levées en Pluviôse an III (janvier-février 1794). Le 15 Ventôse an V (le 5 mars 1796), Joseph Raymond Bénigne de Sagnard est radié de la liste des émigrés[1].   Cette affaire de Pâques a failli être le plus grand massacre d'habitants de la même ville de France. Un seul homme Faure et sa haine anti-yssingelaise a failli sacrifier 114 compatriotes dans la plus importante "fournée" de la terreur.

         La matrice des contributions foncières de 1793, attribue au citoyen Choumouroux, un revenu de 2 565 livres, le plus important de la commune sans tenir compte de ses propriétés extra-communales. Il possède un domaine dans le mandement de Laval-Emblaves. L'état général des biens des émigrés d'octobre 1793[2] signale que : "la famille Choumouroux possède une fortune représentative d'un niveau moyen. Elle est composée d'un château évalué 30 000 Livres, 6 domaines, 1 bois et 1 pré". "Le tout représente 197 000 Livres soit un revenu estimé à 5 % de 9 850 Livres. Les cens prélevés sur les habitants du petit mandement de Chazeaux rapportent peu : 11 septiers de seigle et 7 d'avoine soit un revenu supplémentaire estimé à 60 Livres. C'est une fortune foncière. Elle équivaut à Bellecombe".

         Le château de Choumouroux est fouillé en avril 1802 car madame de Choumouroux est une amie de la famille Maurin qui est soupçonné d’empoisonnement sur la personne du sous-préfet Dauthier[3].

         Un mémoire conservé à la bibliothèque municipale de Tarentaise à Saint-Etienne, résume en une dizaine de pages plus de cinquante années de procédures[4]. C'est un mémoire pour dame Julie Angélique Montreymard et le sieur Jacques Mathon son mari, propriétaires, habitants du lieu de Bourg Argental appelant d'un jugement rendu au tribunal d'Yssingeaux le 15 Floréal an X (4 mai 1803). Contre les sieurs Joseph Raymond Bénigne Alexis François Sagnard de Choumouroux, propriétaire, habitant de la Ville d'Yssingeaux et contre Georges François Alexis La Rochenégly, propriétaire, habitant du lieu de Chamblas commune de Saint-Etienne de Lardeyrol. Le procès pose la question suivante : une donation faite au nom d'un tiers, par contrat de mariage et sans procuration de sa part, est-elle obligatoire pour celui au nom de qui elle est faite ?. Le contrat de mariage incriminé date du 13 février 1746. Ce mariage unit Marie Marthe de Sagnard de Choumouroux fille de Catherine Françoise Bonnefous et de Pierre Sagnard de Choumouroux,petite fille de Catherine Treveys et de Georges Bonnefous avec François Anatole La Rochenégly. Le père et la mère de la mariée lui constituent une dot de 18 000 Livres dont 9 000 de droits paternel, 2 000 du chef maternel, 1 000 de Jean Aymé de Sagnard de Choumouroux et 2 000 d'elle-même. Le père paie jusqu'à concurrence de 12 000. Cette somme est stipulée remboursable en paiements égaux et annuels de la somme de 3 000 chacun, à commencer en un an lors prochain et successivement d'année en année sans intérêt qu'à défaut de paiement. Mais Catherine Bonnefous, veuve Montreymard, garde le silence sur les 3 000 que Pierre de Sagnard de Choumouroux dit avoir fait sur son ordre. Les Sagnard de Choumouroux vont faire des saisies arrêts pour sûreté du paiement de 4 000. Les procédures s'enchaînent. Nous ne connaissons pas l'existence d'un autre mémoire abordant cette affaire.

Sa femme est la fille de Benoît Antoine François Colonna d’Ornano, comte de Colonna et de Marie Mège du Moulin. 

 

Ils ont 1 enfant :

1) Joseph Alphonse Raymond Marcellin Bénigne

 

 

X - JOSEPH ALPHONSE RAYMOND MARCELLIN BENIGNE DE SAGNARD DE CHOUMOUROUX (dit « le baron de Choumouroux ») (15 mars 1788-21 février 1872)

 

oo Marie Françoise Angélique du Crozet le 11 janvier 1811

Il est né à Aubenas (Ardèche) le 15 mars 1788. Sa femme est la fille de Charles Jean Baptiste François du Crozet, marquis, lieutenant colonel et de Marie Jeanne Angélique de Caulet de Grammont. Il est seigneur de Javaugues.

Alphonse hérite de son oncle Jacques Henri Colonna d'Ornano (né en 1754) maréchal de camp, mort en service en Espagne (sans parents) , de la terre de Préveranges en Vivarais. En Isère, ils possèdent deux lots estimés chacun à 82 500 Livres comprenant un corps de domaine et des terres. Il vend le château d’Etables en 1838. Ils font un acte de donation reçu par le notaire Chometon à Yssingeaux le 29 novembre 1861, à titre de partage anticipé à leur fils Ernest en ce qui concerne le château de Choumouroux.

 

Ils ont 4 enfants :

1) Joseph Charles Ernest (27 décembre 1811 - 24 février 1895)

2) Marie Léonie Charlotte (décédée le 30 janvier 1884 à Lyon)

oo Jean Antoine Melchior du Treyve de Saint-Sauveur, vicomte. C'est le fils du comte Jean Baptiste Christophe du Treyve de Saint-Sauveur et de Louise de Rochefort. Il devient maire de Saint-Romain en Jarez le 19 mai 1827. Il meurt le 9 avril 1882.

 

Ils ont 1 enfant :

 

  a) Louis Marie Alphonse (1846 - 19 janvier 1876)

 

3) Louis Adrien Alfred (novembre 1819 - 8 décembre 1821)

4) Ernest Léon Alfred (né le 31 janvier 1833)

oo Marie Caroline Rodde de la Marge le 4 mai 1852, rentière demeurant à Vesse (Allier) . Elle est née à Clermont le 1 avril 1833 et c’est la fille de Mathieu ex-capitaine de cavalerie et de Thérèse Anne Marie Guérin de Villier. Le contrat de mariage est daté du 2 mai 1833 et il est passé chez le notaire Cassar à Vichy en présence d’Edouard de La Rocque, juge, âgé de 49 ans, de Louis du Crozet, percepteur receveur de 47 ans, sans doute son oncle et d’Ernest comte de Choumouroux son frère.



[1] ADHL 1 Q 6951

[2] Ce document est étudié par J.Merley dans la revue Les Cahiers de la Haute-Loire d’après un document des ADHL coté 1 Q 158 Bis.

[3] Bulletin de la Société Académique du Puy-en-Velay 1995 Tome LXXI page 41.

[4]  Bibliothèque Municipale de Saint Etienne Forez Courbon n°4.