Créer un site internet

Choumouroux (Yssingeaux)suite5

Revenons au dernier homme politique des Sagnard de Choumouroux et présentons Ernest de Choumouroux de la manière que son père :

 

         Il commence sa carrière politique en succédant à son père et devient conseiller général en 1838 gardant cette fonction de 1838 à 1848 et de 1851 à 1883. C’est son père qui favorise son élection où il est avec 47 voix face à Dumolin, une voix et Blanc, trois 3 voix sur 78 votants. L'élection du Conseil Général du 2 août 1852[1]  voit son élection avec 2574 voix. L'élection du Conseil Général du 4 août 1855[2] où il est élu avec 2555 voix.

         Il participe au conseil municipal d'Yssingeaux avant d'accéder à la mairie à la place de son père malade en décembre 1863, il officie de 1863 à 1870 et de 1871 à 1878. Il occupe cette haute fonction communale en poursuivant l'oeuvre paternelle. Il est vice-président du comice agricole d'Yssingeaux en juillet 1855 et en 1867 il se consacre toujours à cette activité.

         Il est président de l'assemblée électorale du Conseil Général le 8 avril 1871. Ernest fait partie des exceptions. En effet, il est élu en cours de mandat conseiller général en décembre 1851 puis réélu en juillet 1852. De même, il est élu en septembre 1870 puis réélu en avril 1871 jusqu'au 1er août 1883. Il siège à droite. Lors d'une vacance de poste, il est sous-préfet d'Yssingeaux en mars 1871 pour quelques mois.

         Le 10 octobre 1839, une note du sous-préfet d'Yssingeaux adressée au Préfet sur Ernest[3] cherche à cerner ses aptitudes à une fonction électorale. Citons :

"Il n'a pas d'expérience des affaires. Il est fort jeune et ses opinions politiques laissent beaucoup à désirer. Mais il paraît disposé à se préparer aux travaux administratifs. Son jugement est sain et sa politique est celle d'un honnête homme. Ses principes se modifieront peut être par le frottement avec des hommes monarchistes constitutionnels". A 28 Ans, il est jugé trop jeune pour un poste administratif. Or 25 ans plus tôt, son père était élu député au même âge. L'évolution des mentalités est flagrante en une génération. Néanmoins, l'auteur de la note souligne qu'il doit entrer en contact avec le milieu monarchiste pour fortifier ses idées. Ce jugement personnel est rare en matière politique et il est donc à souligner, peut-être son auteur partage les mêmes opinions.

         Le 27 novembre 1839, une note du sous-préfet d'Yssingeaux adressée au préfet[4] rappelle l'influence de la famille d'Ernest. Citons :

"Ernest de Sagnard de Choumouroux, élu membre du conseil général par le collège électoral du canton d'Yssingeaux doit le suffrage de ses concitoyens à l'affection exclusivement que le pays porte à sa famille. La maison Sagnard est une rares maisons nobiliaires de l'arrondissement qui ont su conserver à travers les vicissitudes politiques, quelques traditions de patronage qui lui constituent encore aujourd'hui une sorte de crédit quoique notoirement légitimiste, cette famille compte parmi ses clients des électeurs de toutes opinions et monsieur Alphonse de Sagnard de Choumouroux en présentant son fils aîné à sa place était sûr d'avance de le faire agréer. Monsieur Ernest de Sagnard de Choumouroux n'a aucune expérience de l'administration. C'est un de ces hommes ordinaires à son droit qui veulent le bien de leur pays et sont modérés dans leurs opinions. Il a déclaré qu'il remplirait son mandat avec conscience sans se préoccuper de ses idées politiques. Il était appuyé par le député du gouvernement et il est possible qu'un jour comme son parent et son ami, il se rallie au gouvernement."

         Toujours en 1839, une note du même type résume de manière identique la situation. Citons :

"Monsieur de Choumouroux sera incontestablement nommé par le conseil départemental. Il est dans son parti plutôt par influence de famille et de relation que par conviction personnelle et par la-même, il n'est pas dangereux le moins du monde."

         Une lettre du 2 décembre 1840[5] annule l'élection d'Ernest au Conseil Général à cause de la possibilité de le confondre avec son père Alphonse. Cette décision émane du Ministère de l'Intérieur. Une lettre du 16 avril 1853 suit le décret du 30 octobre 1852 et confirme sa réintégration au Conseil Général après ses nombreuses péripéties.

         Le 2 janvier 1844, une note du sous-préfet au Préfet sur Ernest[6] rappelle les liens familiaux et la surveillance exercée par les autorités sur les notables locaux. Citons : "Ernest de Choumouroux, qui était dans l'arrondissement de Brioude chez son aïeul du Crozet serait parti en Angleterre". En 1844, une note du sous-préfet sur Ernest continue sur le même sujet en évoquant le voyage d'Ernest en Angleterre pour aller saluer le Comte de Chambord.

         Le 28 avril 1845, une note du sous-préfet sur Ernest de Sagnard de Choumouroux[7] résume l'ensemble des renseignements connus avant une élection. Citons :

"Il est universellement estimé et aimé. Son caractère est facile et conciliant. Sa probité intacte. Ses sentiments politiques se sont dégagés... des légitimistes qu'il avait reçue dès son enfance. Il appartient à cette catégorie d'anciens royalistes, homme d'ordre qui ont d'abord salué dans la nomination du Président, la fin de la Révolution de Février. L'effacement de la famille d'Orléans et plus tard dans l'avènement de l'Empereur la consolidation de tous les grands principes d'ordre et de gouvernement. Son adhésion n'est plus douteuse et produit un effet important dans l'opinion publique. Esprit sage, doué d'un sens droit, il ne se mêle point dans le sein du Conseil Général d'une intrigue qui pourrait s'y produire. Il s'occupe pratiquement d'agriculture et son expérience à cet égard ne sera pas sans utilité. Marié depuis plusieurs années, avec une femme riche née dans une famille noble de l'Ardèche, il est dans une situation sociale tout à fait indépendante. Il n'a qu'un fils dont il dirige lui-même l'éducation. Il est un homme digne, par ses qualités privées comme par son influence extérieure ; d'être désigné de nouveau aux suffrages des électeurs des cantons d'Yssingeaux".

         Cette note constitue le portrait d'un homme aux multiples qualités, candidat idéal pour une nouvelle désignation comme conseiller général.

         Mais comment le gouvernement opère-t-il pour choisir son candidat ? Le préfet dispose d'un réseau officiel et de réseaux officieux d'informateurs. Il double et recoupe les informations sur les élus pour contrôler les élus. Les rapports possèdent une filière officielle qui passe par les brigades de gendarmerie, les commissaires de police et les sous-préfets dont les comptes rendus fournissent au préfet la matière et, parfois, le texte de ses propres rapports au gouvernement. Après enquête, il choisit le candidat gouvernemental puis il le propose à l'agrément ministériel.

         Le 5 janvier 1846, une note du Préfet sur Ernest[8] développe une nouvelle fois récite le parcours de notre homme et de ses convictions. Citons :

"C'est un ancien élève de St. Cyr. Il appartient à une famille noble et riche dévouée à la légitimité. Il professe ouvertement les principes de ce parti. Il n'a d'autre influence....Sa famille jouit de beaucoup de considération". En Juin 1846, une note du Préfet sur Ernest et sa famille[9] reprend les précédentes informations :

"Choumouroux, famille noble et riche, légitimiste et influent à cause de sa famille". L'influence et l'origine d'une famille joue beaucoup sur le sous-préfet quand il dresse le portrait d'un candidat.

Le 16 avril 1853, une note du sous-préfet adressée au préfet sur Ernest replace ce portrait, citons :

"C'est un homme d'un esprit calme et positif qui n'a pas fait jusqu'ici d'opposition au sein du Conseil Général et qui se prêterait peu je crois, à une opposition systématique et ne se mêlera pas aux petites intrigues qui pourraient s'y nouer. En politique, il a appartenu à l'opinion légitimiste comme tous ou presque tous de ses coreligionnaires politiques. Il n'a d'abord vu dans la Révolution de Février que la chute du gouvernement de Louis-Philippe. Mais peu à peu, cette révolution l'a mis en garde contre les premières impressions. J'ai des raisons de croire qu'aujourd'hui il est sincèrement rallié au gouvernement impérial". Ce portrait reflète l'image d'un homme à l'esprit calme, positif, pas d’un opposant actif, d'origine légitimiste, revenu à l'administration et rallié au gouvernement. Le gouvernement recherche des appuis politiques parmi ces types d’élus tout en surveillant ses éventuels ennemis.

         Le 15 juin 1863, une note du sous-préfet d'Yssingeaux sur Ernest[10] dresse un portrait négatif de notre homme contredisant les précédents rapports :

"Homme d'un caractère faible se laissant volontiers aller plutôt à de mauvaises qu'à de bonnes influences, a cependant soutenu la cause du candidat officiel, mais en cela, a été guidé plutôt par son intérêt personnel que par son dévouement au gouvernement et, ce qui tend à l'établir, c'est qu'il s'est rendu quelques jours avant les élections dans l'arrondissement de Brioude pour y faire de la propagande en faveur du candidat hostile".

         En  Septembre 1864, une note du sous-préfet d'Yssingeaux sur Ernest[11] exprime le degré de confiance  à accorder à cet homme :

"Il est rallié à l'Empire mais il ne faut pas avoir une confiance absolue dans son dévouement". Ce portrait fait preuve de justesse car empreint de beaucoup de pertinence. D'après cette note, nous pouvons penser qu'il joue sa carte personnelle tout en changeant d'étiquette politique sans perdre ses électeurs. Le  portrait du fils, composé par l’administration s'oppose à celui du père[12]. Citons :

"Son père a un caractère plus ferme et plus sûr surtout que son fils. Il a fait preuve de zèle et de dévouement".

         En Juillet 1867, lors du rapport[13] établi pour obtenir la légion d'honneur, l'administration affine ses observations :

"Il jouit de l'estime publique et l'administration n'a qu'à se féliciter de ses rapports avec lui depuis 3 ans qu'il est maire. Toutefois ses services ne paraissent pas devoir lui mériter encore une distinction que plusieurs de ses collègues du Conseil Général et surtout des maires du département plus anciens que lui pourraient également solliciter. Je pense qu'il y a lieu d'attendre une occasion favorable". Le deuxième paragraphe est biffé dans cette lettre adressée au Ministre par le préfet de la Haute-Loire. Néanmoins, une lettre datée du 16 août 1867 du Ministère de l'Intérieur fait état de la nomination d'Ernest de Sagnard de Choumouroux au grade de chevalier de la Légion d'Honneur par l'Empereur. Une lettre datée du 19 août 1867 écrite par Ernest de Sagnard de Choumouroux remercie le gouvernement et il associe son père à ses remerciements. Sans doute, des appuis politiques ont permis de contourner le premier barrage administratif, Ernest de Choumouroux obtient cette décoration synonyme de réussite humaine et gage de respectabilité.

         En 1875, les archives Vinay conservent une lettre d'Alfred de Chaulnes où il parle du cas de Choumouroux : "Il doit s'agir d'un royaliste libertin qui rejette la tutelle morale du Clergé".

         Le 7 novembre 1883, une note du sous-préfet d'Yssingeaux[14] mentionne Ernest de Sagnard de Choumouroux et Henri II Bronac élus du Conseil Général. Citons :

"Sous la monarchie de Juillet, le sous-préfet d'Yssingeaux signale que les conseillers généraux de Montfaucon et d'Yssingeaux Bronac et Choumouroux : Ne sont pas plus les hommes des prêtres que vous et moi, Monsieur de Choumouroux surtout, est bien connu pour son peu de sympathie pour les gens de cette robe". Les relations avec la religion prêtent dans leurs cas à de nombreuses interprétations.

         Un aspect peu connu de sa carrière est abordé par l’historien Auguste Rivet [15] où ce dernier nous relate un fait inédit : la participation d'Ernest de Choumouroux à la direction de la sous-préfecture d'Yssingeaux. Citons : "En mars 1871, les principaux postes changent de titulaire et les hommes de la défense nationale sont éliminés. Les députés nouvellement élus y tiennent et y veillent: au premier bruit des événements de Lyon, les six députés vont voir Picard, Ministre de l'Intérieur, qui ne reçoit que Vinay et Vinols mais pour leur dire d'entrée "Votre Préfet est nommé, il est là, il doit être au Puy, il partira dès ce soir". Ce soir là, il va prendre chez Flagnac "des indications sur les personnalités du département". Sur leur lancée, les députés obtiennent du Secrétaire Général de l'Intérieur le remplacement du Secrétaire Général et des deux sous-préfets [16](Cf Vinols dans son oeuvre intitulée Souvenirs page 40). A la préfecture, Jean-Baptiste Emile Henri Camille Comte de Malartic (né le 13 mai 1822 et décédé en Avril 1904, il entre dans l'administration à la fin de la monarchie de Juillet où il occupe huit sous-préfectures puis il est secrétaire général du Bas Rhin, puis devient préfet de la Haute-Loire) succède à Lefort déjà déposé avec Sinety comme secrétaire général et deux anciens et futurs Conseillers Généraux conservateurs : Choumouroux et Charles comme sous-préfets d'Yssingeaux et de Brioude... Le premier préfet républicain, de la Haute-Loire Jean Alfred Labordere est nommé par décret du 13 mars 1876, le Secrétaire Général et les sous-préfets sont changés aussi". Malheureusement les Archives Départementales de la Haute-Loire ne contiennent aucun renseignement sur ce court intermède préfectoral pouvant nous apporter quelques précisions.

         Sa nécrologie paraît le 27 mars 1895 dans le journal local appelé La Semaine d'Yssingeaux. Le journaliste décrit sa "longue carrière d'honneur, de bienfaisance et de dévouement à la chose publique". Le maire honore la mémoire de son prédécesseur avec une superbe couronne à l'enterrement. Ernest possède l'estime de la population. Ce journaliste dresse son portrait au Conseil Général :

"Pendant 31 ans, il remplit ses fonctions avec dévouement le plus absolu. Il se fit toujours remarquer au sein de l'Assemblée Départementale, par la sûreté de son jugement. Les rapports qui lui étaient confiés étaient empreints d'un grand bon sens. Pendant toute la durée des sessions, il travaillait avec une opiniâtreté infatigable. A ceux qui lui faisaient compliment de son zèle, il répondait que lorsqu'on avait sollicité un mandat, c'était pour le remplir consciencieusement et, qu'il voulait n'avoir, à ce sujet aucun reproche à se faire. L'influence dont il jouissait à ce moment, fut toujours mise au service de tous, sans distinction d'opinion politique".

         Ensuite il dresse son portrait à la mairie d'Yssingeaux :

"C'est dans l'exercice de ses modestes fonctions de maire, que la population d'Yssingeaux avait appris à l'apprécier et l'estimer. N'ayant d'autre ambition que de rendre service à ses concitoyens, il n'exerçait cette pénible, difficile et ingrate charge que pour la satisfaction de remplir un rôle utile dans la société. Il est infatigable au travail".

         Il enchaîne sur son administration municipale :

"Il s'occupe des travaux préparatoires à la création du chemin de fer. Il fait beaucoup d'efforts pour obtenir l'établissement d'une garnison à Yssingeaux mais sans succès. Il réussit l'éclairage au gaz de la ville d'Yssingeaux. Il fait construire les écoles de Sarlis, de Versilhac et d'autres encore. Il met en place le bureau de bienfaisance grâce à ses deniers. Il laisse une caisse pleine lorsqu'il quitte la mairie. Il vit près de ses concitoyens dans son château. Il est très charitable sans se préoccuper de la reconnaissance ou de l'ingratitude de son protégé. Il développe la charité matérielle avec le pain, le vin, les couvertures comme secours aux malheureux".

         Ce portrait peut sembler trop complaisant, mais il doit être honnête car d'autres témoignages le regroupent. La Semaine d'Yssingeaux publie ce portrait quelques jours après sa mort. Le Journal d'Yssingeaux n'imprime pas de portrait de l'homme qu'elle a cherché à effacer de la vie politique locale. Ernest de Choumouroux connaît les mêmes honneurs que son père sauf la députation. Néanmoins, son fils ne lui succédera pas à la plus haute fonction municipale comme ses aïeuls depuis 1692 avec Jean Joseph de Choumouroux de Montméa. Une tradition familiale de deux siècles s’achève avec lui car victime de l’émergence d’une opposition au pouvoir des notables traditionnels.

 

 

 

         Précisons quelques détails sur le château de Choumouroux (ou Chamouroux). C’est en 1613 que l’héritière de la famille Choumouroux, Flavie apporte cette maison forte à son mari Jean de Sagnard. Ce dernier associe son nom à celui de sa femme. Le château de Choumouroux fut estimé 30 000 Livres[17]. Cette maison forte existe toujours mais sa viabilité connaît actuellement quelques désagréments.

         Ce château se situe dans le canton d'Yssingeaux. Cette maison forte défend de concert avec le château de Treslemont, l'entrée de la ville d'Yssingeaux côté sud. Elle est appelée forte car elle est fortifiée pour défendre un accès sensible de la ville. Une croix dite de Choumouroux marque l’entrée de ce château. D’après Jean Chaize, elle est fort simple et elle sert lors de la procession des Rogations. L’abbé Cornut nous rapporte qu’elle commémore un épisode sanglant de la révolution concernant la famille Abrial, qui à cette époque donnait asile aux malheureux traqués par la police révolutionnaire. Arrêtés, ils furent condamnés à mort et guillotinés le 22 juillet 1794. Une longue allée de tilleuls conduit à cette grande maison. C'est actuellement dans son enclos, autrefois fortifié, une longue et simple bâtisse rectangulaire, tournée au levant, flanquée de deux tourelles (petites tours). Ces deux échauguettes, aveugles, à curieux toits de pierres coniques, portées chacune par trois corbeaux semblent être les seuls vestiges du bâtiment primitif. Une large terrasse offre une magnifique vue sur le paysage des sucs, deux arbres sont plantés sur cette terrasse dont un qui a été foudroyé. Dans le village de vacances contigüe à la maison forte, nous pouvons admirer le très beau moulin de Choumouroux. A l’entrée, une maison de gardien accueille le visiteur ainsi qu’une ferme et un pigeonnier. A l’étage, un oratoire subsiste avec quelques peintures défraîchies. C’est en septembre 1836 que l’oratoire de Choumouroux est béni par l’abbé Valentin, vicaire d’Yssingeaux en présence d’Ernest de Choumouroux et de sa famille. Cette petite chapelle est placée sous le vocable du Sacré Coeur. Sur le fronton de l’oratoire, nous lisons la devise suivante « Honor et Felicitas » qui signifie Honneur et félicité. Le château de Choumouroux fut vendu par le baron Pierre de Choumouroux, ruiné, le 4 décembre 1940 à Mademoiselle Juliette Durand habitant à Monaco (acte de vente reçu par le notaire Chamaly à Yssingeaux) pour 250 000 francs dont 60 000 francs comptant plus 190 000 francs de surplus. Le 4 avril 1944, l’acte est définitivement conclu. La propriété désignée est connue sous le nom de « château de Choumouroux » sise à Choumouroux près d’Yssingeaux, comprenant château, ferme, cours, jardins, prés, terres, bois, pâtures et vaines, en un mot l’ensemble des biens appartenant à monsieur le baron de Sagnard en quoiqu’ils consistent et puissent consister sans aucune exception ni réserve, soit onze hectares, cinquante ares, deux centiares. 

         Le baron mentionne une clause saugrenue dans l’acte de vente : «  L’acquéreur sera propriétaire des immeubles vendus de ce jour pour y réunir la jouissance à dater du même jour sauf en ce qui concerne six pièces de la maison de maître, dont le baron de Sagnard se réserve la jouissance jusqu’au 25 mars 1942 sans indemnité ». Mais il met plus de deux ans pour quitter son château après avoir usé de tous les subterfuges pour empêcher cette échéance. C’est la propriétaire et l’aide de ses amis qui ont déménagé les meubles du baron dans le cour qui ont forcé ce dernier a quitté définitivement le château ancestral. Il décide de partir pour un long voyage en Afrique pour refaire fortune. Il revient vivre à Yssingeaux avec sa servante place du Foirial jusqu’à sa mort.

 

         Malheureusement le château de Choumouroux n’est plus ce qu’il était auparavant avec ses grands repas des chevaliers de Saint Louis puis les réunions mondaines des Carlistes. Le dernier héritier ne travaillant pas, a vendu le domaine morceaux par morceaux, le moulin, les champs, les bois puis la ferme et le château. C’est une demoiselle qu’il l’a acquis le 19 novembre 1940 puis la mairie d’Yssingeaux vers les années 60 en viager. Ce château se cherche un deuxième souffle pour ce troisième millénaire et espère une restauration réussie comme son voisin de Montbarnier situé en face de lui.



[1] ADHL 3 M4/3

[2] ADHL 3 M4/3

[3] ADHL 6 M93

[4] ADHL 3 M6/2

[5] ADHL 3 M4/3

[6] ADHL 6 M81

[7] ADHL 3 M4/3

[8] ADHL 3M 3/6

[9] ADHL 3 M 4/4

[10] ADHL 3 M 4/8

×